Un ours tourne en rond au zoo de Mulhouse, la toile s’enflamme
Une vidéo tournée au zoo de Mulhouse puis twittée par le vidéaste et activiste Rémi Gaillard enflamme la toile depuis hier, lundi 15 juillet. On y voit un ours blanc tourner en rond. Un phénomène connu par le parc, qui travaille à réduire le stress des animaux en captivité.
Le vidéaste Rémi Gaillard s’est rendu au zoo de Mulhouse. Et la visite ne lui a pas plu. Dans une vidéo qu’il a tournée, et twittée le 15 juillet, on voit un ours blanc (Vicks) faire les cent pas, répéter les mêmes gestes pendant une bonne minute.
Dans son message sur le réseau social, celui qui est aussi activiste de la cause animale interpelle la maire de Mulhouse Michèle Lutz : « Quand vous dîtes « la ville fait envie », ça vaut pour les ours ? » Le tweet a été largement relayé depuis.
Devant la polémique numérique, la ville, qui ne gère pas le zoo contrairement à ce que sous-entend Rémi Gaillard (c’est M2A), n’a pas tardé à réagir, aussi sur Twitter, en invitant l’activiste à échanger sur Facebook avec le parc.
Des enrichissements pour éviter la « stéréotypie »
Dans son apostrophe numérique, le vidéaste fait référence à un phénomène appelé stéréotypie, un trouble consistant à répéter les mêmes gestes ou les mêmes mots, qui touche aussi les humains. Les associations de défense de la cause animale mettent en avant la stéréotypie des animaux sauvages élevés en captivité, soulignant que c’est leur stress qui provoque ces troubles, pour militer contre les parcs zoologiques.
Les causes de la stéréotypie sont parfois difficile à trouver, et plusieurs causes peuvent être à l’origine d’une stéréotypie, comme l’écrit une neuropsychologue dans sa thèse sur le sujet. Afin d’éviter l’ennui et les comportements stéréotypés des animaux, le zoo de Mulhouse a mis au point un programme « d’enrichissements » variés, alimentaires et ludiques, prescrit par une spécialiste, comme nous vous l’expliquions dès 2014.
Un phénomène observé depuis la naissance de Nanuq
Contacté, Benoît Quintard, vétérinaire et directeur adjoint du zoo de Mulhouse, ne nie pas ces problèmes de stéréotypie, mais les explique. « Chez Vicks, le mâle du parc, ce phénomène a été largement décuplé depuis la naissance de Nanuq (l’oursonne née en novembre 2016), sa séparation d’avec la femelle Sesi suite à cette naissance et sa frustration de ne pas pouvoir aller avec Sesi. Cela s’accentue en période de reproduction, mais a plutôt tendance à se calmer en ce moment… », assure-t-il.
Evidemment, le zoo n’a pas séparé le mâle et la femelle par plaisir, mais bien pour la protection de Nanuq. « Même maintenant, lorsque Sesi a des chaleurs et alors qu’elle continue à protéger sa fille, Vicks pourrait agresser Nanuq pour aller avec sa mère », assure Benoît Quintard. La seule issue au stress de Vicks sera le départ de Nanuq, qui devrait avoir lieu à l’automne : « On a relancé le coordinateur du programme d’élevage ».
« Les gens sont dans l’affect et n’écoutent pas »
Par ailleurs, précise encore le vétérinaire, ces mouvements stéréotypés sont un moyen pour les ours de montrer leur frustration. « Sesi et Nanuq peuvent aussi avoir ce type de comportement, dans des circonstances précises [l’un reçoit à manger et pas les autres, par exemple] c’est plus rare, mais ce n’est pas réservé à Vicks. »
Enfin, Benoît Quintard tient à préciser que le zoo ne répond plus à ce genre de polémique (ce n’est pas la première) sur les réseaux sociaux. « Car quelles que soient les réponses que l’on peut faire, les gens sont dans l’affect et ils ne les écoutent pas, ils ne cherchent pas à savoir comment on travaille… », déplore-t-il.
En ce qui nous concerne, nous n’avons pas attendu Rémi Gaillard (comme il le sous-entend dans un autre de ses tweets) pour vous parler de ces problèmes. Outre celui de 2014 mentionné plus haut, de multiples articles dans L’Alsace évoquent le stress des animaux du zoo de Mulhouse, et les mesures prises pour leur bien-être, notamment en 2016 , en 2017 et deux fois en 2018.