Premier producteur et consommateur de foie gras au monde, la France continue de défendre le gavage des palmipèdes au nom du “patrimoine culturel et gastronomique.” Depuis des années, nos gouvernements successifs soutiennent activement la filière foie gras, largement dominée par de grands groupes industriels.
Bénéficiant de la pseudo caution scientifique de l’INRA, qui certifie que le canard aime être gavé, cette industrie investit énormément d’argent dans des campagnes de communication censées redorer le blason de ce “produit de luxe” de plus en plus décrié par les Français.
« Le foie gras n’est pas un symbole de fête, mais un symbole de mort. » – Brigitte Bardot
LE GAVAGE EST INTERDIT DANS LA MAJORITÉ DES PAYS D’EUROPE
« Aucun animal n’est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles ». Cette directive européenne 98/58/CE de 1998 sur la protection des animaux dans les élevages n’est pas respectée par la France, qui continue à pratiquer le gavage des palmipèdes pour produire du foie gras à partir du foie malade et hypertrophié (jusquà 10 fois sa taille) des canards.
Une recommandation européenne de 1999 interdit également le gavage partout où il n’est pas déjà pratiqué.
Hormis les 4 pays producteurs de foie gras – France, Espagne, Hongrie et Bulgarie, la Région bruxelloise ayant interdit le gavage en 2017 et la Flandre s’engageant à le faire au plus tard fin 2023 – tous les États membres de l’Union européenne interdisent la suralimentation forcée des oiseaux ou se réfèrent à leurs lois de protection animale pour interdire cette pratique.
À l’international, l’Argentine, Israël (2005) et l’Inde (2014) se sont prononcés contre cette pratique.
Cité la plus peuplée d’Amérique du Sud, la ville de Sao Paulo, au Brésil, prohibe également depuis 2015 la vente de foie gras pour protester contre la souffrance animale. Dernière en date, la ville de New-York décide également en octobre 2019 de mettre fin à la commercialisation et même à la détention de foie gras à partir de la fin 2022.
70 % des Français sont favorables à l’interdiction du gavage – Sondage IFOP 2016 pour la Fondation Brigitte Bardot
L’HORREUR DE L’ÉLEVAGE EN CAGE
25 millions de palmipèdes sont gavés chaque année. Le gavage des mâles débute dès l’âge de 80 jours et dure une douzaine de jours.
Dans la nature, les canards passent une grande partie de leur vie sur l’eau. En France, en période de gavage, 75% des canards sont enfermés dans des cages de batterie où ils ne peuvent ni se lever, ni se retourner, ni étendre leurs ailes. Seule leur tête sort de ces cages pour permettre l’ingestion forcée d’aliments.
Un bâtiment de gavage peut contenir jusqu’à 1000 cages. Ces cages individuelles sont interdites depuis 2009 partout en Europe… sauf en France, où la réglementation n’est toujours pas respectée !
LA TORTURE DU GAVAGE
Le gavage consiste à enfoncer un tuyau dans la gorge de l’animal jusqu’à son estomac, et à lui faire ingérer de force des aliments en grande quantité, très énergétiques et déséquilibrés. Cette opération prend 45 à 60 secondes avec la méthode artisanale. Dans l’élevage industriel, largement prédominant, le gavage est exécuté en 2 à 3 secondes à l’aide d’une pompe hydraulique ou pneumatique.
Le fonctionnement du foie est fortement perturbé, l’animal a du mal à réguler la température de son corps et il développe une maladie appelée stéatose hépatique.
Les dimensions de son foie hypertrophié, qui finit par atteindre presque 10 fois son volume normal, rendent sa respiration difficile et ses déplacements pénibles. Les sacs pulmonaires sont compressés, le centre de gravité de l’animal est déplacé.
En période de gavage, les canards enfermés sur des sols durs développent des infections aux pattes, comme des dermatites. Outre la longue liste des maladies engendrées par ce traitement, le malaise général des animaux gavés et encagés est à son paroxysme : le taux de mortalité des animaux en gavage est 10 à 20 fois plus élevé qu’en élevage.
Au bout d’une douzaine de jours de gavage, les oiseaux sont entassés dans des caisses et emmenés à l’abattoir.
DES MILLIONS DE CANETONS BROYÉS OU GAZÉS
La production de foie gras implique la naissance de 82 millions de canetons par an. Chez les canards, seuls les mâles sont gavés. L’utilisation des femelles est en effet interdite, car leur foie est trop nervé.
L’industrie du foie gras pratique le sexage, qui consiste à séparer les oisillons à peine éclos entre mâles et femelles. Des millions de canetons femelles sont jugés “inutiles” et broyés ou gazés juste après leur naissance.
78 % des Français trouvent inacceptable le broyage de millions de canetons femelles vivants – Sondage IFOP 2016 pour la Fondation Brigitte Bardot.
LA RÉELLE SOUFFRANCE DES CANARDS ET DES OIES
Adopté le 16 décembre 1998, un Rapport du Comité scientifique de la Commission européenne de la Santé et du Bien-être animal explique en quoi le foie gras est un état pathologique du foie d’une oie ou d’un canard et précise que « après un gavage prolongé (15 à 21 jours), la récupération n’est plus possible, le foie gras de l’animal conservé vivant évolue vers la cirrhose ».
Ce rapport est corroboré en décembre 2015 par un nouveau rapport scientifique, réalisé à la demande de l’association GAIA par la prestigieuse université de Cambridge (Royaume-Uni).
La politique française sur la production de foie gras préfère quant à elle se référer aux études de l’INRA, l’Institut national de la recherche agronomique, qui sont financées par la filière du foie gras. L’INRA n’hésite ainsi pas à certifier l’innocuité du gavage sur le bien-être des animaux…
Antoine Comiti, de l’association Stop Gavage, a écrit à ce sujet une enquête révélatrice sur cette expertise publique sous contrôle de l’industrie : “L’INRA au secours du foie gras”.