Dans le sud-est de l’Australie, dans le parc national de Budj Bim (État de Victoria), une opération de grande ampleur a été mise en place pour euthanasier des koalas jugés en trop grande détresse pour être sauvés. Depuis la mi-mars, plus de 750 marsupiaux ont été abattus par des tireurs d’élite à bord d’hélicoptères, sous l’égide du ministère de l’Énergie, de l’Environnement et de l’Action climatique (Deeca), selon les informations de Sky News Australia.
Cette mesure exceptionnelle intervient après un gigantesque incendie ayant ravagé plus de 2 000 hectares de forêts d’eucalyptus – une ressource vitale pour les koalas. Beaucoup d’animaux ont été laissés dans un état critique : brûlures, déshydratation, malnutrition. Les autorités justifient cette décision par l’impossibilité d’intervenir au sol dans un environnement rendu impraticable et dangereux, combinée à la difficulté d’accéder à des animaux souvent perchés dans la canopée.
La Première ministre de Victoria, Jacinta Allan, a défendu une action « douloureuse mais nécessaire » face à une situation d’urgence. Elle affirme que des expertises ont été menées pour s’assurer que seuls les koalas gravement atteints faisaient l’objet de tirs, et rappelle que l’espèce, bien que protégée dans l’État, n’y est pas classée comme menacée contrairement à d’autres régions australiennes.
Cependant, cette stratégie a suscité une vive controverse. Des associations de protection de la faune, dont la Koala Alliance, dénoncent une approche cruelle et précipitée. Sa présidente, Jessica Robertson, juge la méthode « inacceptable » et met en doute la capacité à évaluer précisément l’état de santé d’un animal à distance et depuis les airs. Elle redoute également que des femelles portant des petits soient tuées accidentellement.
Georgie Purcell, élue du Animal Justice Party au Parlement de Victoria, fustige quant à elle l’absence de vérifications préalables et alerte sur les limites des tirs aériens, rarement précis ou létaux du premier coup. Elle évoque un manque de compassion et d’éthique dans la gestion de cette crise.
L’ampleur du drame s’expliquerait aussi par une mauvaise anticipation de la pression écologique sur le parc. En cause : l’abattage massif des gommiers bleus – arbres indispensables à la survie des koalas – autour de Budj Bim. Ces destructions auraient contraint de nombreux animaux à se réfugier dans le parc déjà fragilisé, intensifiant la surpopulation et la compétition pour les ressources avant que le feu ne détruise tout.
Face à l’indignation grandissante, la Koala Alliance prévoit de lancer une pétition pour exiger l’arrêt immédiat de ces euthanasies aériennes.
Et soudain, au milieu du chaos, il y a ça 🐨
En janvier 2020, alors que l’Australie faisait face à une autre tragédie écologique, Rémi Gaillard publiait une vidéo bouleversante. On y voyait deux hommes – un Australien et son cousin – risquant leur vie pour sauver des koalas pris au piège des flammes. À l’époque, près de 500 millions d’animaux avaient déjà péri dans les incendies.
Dans un climat où la destruction semble s’accélérer, ces gestes d’humanité restent gravés. Comme un rappel : face à l’impuissance, il existe encore des actes de courage. Des actes qui refusent la fatalité.