Rémi Gaillard surprend dans la campagne des municipales. Décidé à jouer son meilleur tour aux politiques de Montpellier, le candidat avance un programme qui n’est pas une blague.
Arrivé dans la campagne des municipales à Montpellier pour se mêler au cirque politique, le clown s’est pris au jeu. Sans doute motivé parce que beaucoup ont cru que sa candidature n’était qu’un gag potache limité à la défense de la cause animale, Rémi Gaillard a présenté un début programme « ambitieux, innovant et unique », sans oublier de mettre son nez vert d’écologiste pour en faire « le plus éthique », afin d’imaginer un « Montpellier so fresh again« .
À travers 80 premières propositions, il démontre ainsi, quand d’autres candidats n’en sont pas encore là, qu’il a toute sa place dans la campagne.
La méthode
« J’ai passé des heures, des nuits à imaginer Montpellier en pionnière du futur » explique Rémi Gaillard. Depuis décembre dernier et l’annonce de sa candidature, s’il a d’abord mis en avant ses engagements en faveur du bien-être animal, ses comptes sur les réseaux sociaux témoignent de ses nombreuses propositions dans différents domaines. D’ailleurs, pour cerner la globalité de sa démarche, il précise : « Je ne suis pas animaliste mais humaniste ».
Des idées qu’il est allé puiser sur internet pour s’inspirer d’initiatives qui fonctionnent ailleurs. Ou tout simplement en échangeant avec ses proches et ses soutiens comme le pénaliste du barreau de Montpellier, Me Jean-Robert Phung. « On n’a pas de réunion politique le soir, de plan de campagne, on ne diffuse pas de tracts, on ne fait pas les comptes de campagne… Dès que l’on a une idée, nous échangeons », témoigne l’avocat.
Conscient qu’avec eux deux mondes se croisent et que le ton de son ami surprend dans le contexte, il défend : « Rémi Gaillard est totalement impliqué dans sa campagne, à sa façon, avec son langage. Il ne va certainement pas parler d’impôts locaux ou de taxes locales, du prix de l’eau ou de la taxe ordure ménagère. Sans doute parlera-t-il d’autres choses dans une ville comme Montpellier et trouver quelque chose d’un peu passé au travers de la cause animale qui n’est qu’une voie pour retrouver une qualité de vie ».
Et, même si comme pour la plupart des candidats les questions de financement et de faisabilité passent au second plan, c’est en effet ce qu’il ressort des 80 premières propositions du candidat Rémi Gaillard.
Propositions DTC
Quand certains candidats tiennent une conférence de presse pour présenter une idée, Rémi Gaillard joue pour l’heure timidement avec les médias. Méfiant quant à l’interprétation de sa candidature et de l’utilisation de ses propos, il préfère passer directement par les réseaux sociaux. Un moyen sans filtre de propager ses propositions ou de taquiner les autres candidats.
Il avait pourtant toutes les raisons de réunir les journalistes, il y a quelques jours, lorsqu’il a dévoilé sur sa page facebook « les 80 premières propositions DTC : dans ton clown, dans ton citoyen, nulle part ailleurs ». L’ossature d’un programme où Rémi Gaillard laisse apparaître bien plus que la facette d’un vrai clown. Celle d’un vrai candidat.
Comme en témoigne les premières propositions très « municipaliste » de baisser le salaire du maire au SMIC pour reverser la différence à des oeuvres de charité, d’organiser un scrutin révocatoire dès 2022, de créer une commission éthique avec des citoyens tirés au sort qui sera chargée de contrôler les actions municipales et les dépenses, de dédier un étage de la mairie aux citoyens ou de donner plus d’autonomie aux Conseils de quartier. Il invite d’ailleurs à le rejoindre sur sa liste ou à proposer des idées à ajouter au programme.
Une « fresh city »
Rémi Gaillard ne passe pas à côté de l’écologie, c’est pourquoi il lance : « En hommage à Georges Frêche, inventeur du futur, je promets une « fresh city » créative et durable ». Il veut ainsi privilégier pour les projets futurs « une architecture s’inspirant du génie de la nature, dans ses formes mais aussi dans ses propriétés énergétiques ». Ode à la mer deviendra une Ode à la vie, un éco-quartier avec des bâtiments en forêts verticales et des espaces verts coupés de chemins paysagers, d’aires de pique-nique, de parcours sportifs, de pistes cyclables…
Favorable à un nouveau stade, celui-ci sera financé à 100% par le privé sous conditions afin d’en faire un éco-stade qui devra intégrer des dispositifs innovants : panneaux photovoltaïques pour une autonomie en énergie, membrane photocatalytique capable de capter les particules polluantes de l’air, toit en mesure de récupérer l’eau de pluie pour la pelouse et l’utilisation des sanitaires.
Avec l’installation de différents dispositifs innovants (cendriers collecteurs de mégots, collecteurs de canettes ou de chewing-gum) en lien avec des entreprises dédiées, les citoyens seront davantage incités à participer au recyclage des déchets.
La nature en ville
Voulant lancer une dynamique verte, il utilisera les bâtiments publics pour l’installation de panneaux photovoltaïques et végétalisera les façades. Tous les projets d’énergies solaires, de végétalisation ou d’isolation pour réduire les coûts liés à la consommation et améliorer la santé des habitants seront accompagnés. Des places de stationnement seront transformées en parkings végétalisés pour permettre à l’eau de s’infiltrer par le sol, limiter les risques d’inondations, renforcer la biodiversité, réduire encore la pollution, garantir des économies d’entretien de réseaux d’évacuation…
Désireux de développer une forêt de proximité, les promoteurs immobiliers auront obligation de planter un arbre pour 10 m2 de surface plancher. Des arbres fruitiers seront plantés en ville pour une cueillette solidaire, le toit des abri-bus seront fleuris pour offrir de quoi butiner aux abeilles…
Les abords des écoles seront piétonnisés et arborés quand les cours seront transformés en espaces naturels pour y implanter des poulaillers dédiés à des animaux rescapés de l’industrie agroalimentaire. Outre la sensibilisation auprès des enfants, cela constituera une manière de récycler les déchets organiques des cantines
Des vélos et des transports gagnants
De nombreuses propositions intéresseront les cyclistes (itinéraires réservés, des portions de luminophores pour les éclairer la nuit grâce à l’énergie solaire, stationnements…) mais Rémi Gaillard a une ambition : « Faire fondre la graisse et pas la banquise avec Montpellier à vélo ».
L’idée étant de faire sponsoriser 200 000 vélos par une grande marque. Intersport parlant de « l’idée du siècle » sur Twitter s’est déjà positionnée. « Une action qui pourrait inspirer la France et inciter les ministres à ne plus prendre la bagnole pour faire 300 mètres » explique le candidat.
Allant plus loin que les transports en commun gratuits, il propose les transports gagnants : « En échange de pubs sur un tramway ou un bus, des marques s’engagent à financer son fonctionnement, mais aussi à organiser une loterie avec, au moins, un usager gagnant par jour ».
Concernant le tramway, le service sera assuré 24h/24 du jeudi au dimanche. Au rayon mobilité, il imagine un téléphérique urbain dans des zones stratégiques : « Le transport par câble est plus économique que le tramway et c’est écologique. Faciliter le trafic, survoler la ville sera une attraction qui ne contentera pas que les touristes ».
Le vivre ensemble
Le programme fourmille d’idées favorisant le vivre ensemble comme la création d’aires de jeux inclusives pour permettre aux enfants valides et handicapés de jouer ensemble ou encore de recycler des semi-remorques frigorifiques en habitat mobile d’urgence.
À un autre niveau, l’installation de baby-foot et de street-pianos dans les rues participent à cette volonté.
La création d’une trocante solidaire (déposer un produit inutilisé en bon état ou à réparer, pouvoir repartir avec d’autres produits gratuitement) ou l’ouverture d’un centre commercial alternatif, et la mise en place d’une loterie municipale pour développer des projets associatifs, culturels et urbains sont également envisagés.
Il propose au lieu de s’acquitter d’une amende de stationnement de faire un don, au moins équivalent, à une association caritative partenaire de la ville. En matière de fiscalité, Rémi Gaillard baissera les impôts avec le Services Libres d’Intérêt Public. En faisant des actions pour la ville et la communauté (travaux, entretien d’espaces verts, aide à la personne ou aux animaux), le citoyen pourra bénéficier d’avantages fiscaux.
Quelques mesures pour la sécurité
S’appuyant sur une expérimentation aux Pays-Bas, il souhaite revoir les éclairages publics. Pour apporter une image plus rassurante, les blocs de béton seront remplacés par des bornes design blindées : tabouret, mobilier floral, éclairage… ou simplement des arbres. Pour améliorer les services publics et la sécurité, Rémi Gaillard se projette dans le futur et invente l’hologramme civique.
Plus terre à terre, il adopte la stratégie du Portugal en matière de drogues, d’aider plutôt que de réprimer, en créant des centres d’aide dans les quartiers pour encadrer les consommateurs et accompagner les personnes dépendantes. Enfin, pour compléter le volet sécurité, une page participative citoyenne online sera créée pour agir en direct afin de signaler à un agent connecté un problème sur la voie publique ou une atteinte à l’environnement.
La culture pour tous
Rémi Gaillard imagine différents rendez-vous pour fêter les saisons, un festival « culture contre culture » qui récompensera les meilleurs documentaires engagés autour de l’environnement, de la transformation sociale et souhaite ouvrir un musée pour tous, dédié à des artistes de la région. Les festivals faisant déjà rayonner Montpellier verront le soutien de la Ville renforcé. Dans le même ordre d’idée, 50% du budget communication de la Ville sera réaffecté aux associations culturelles.
Les quais du Verdanson seront aménagés pour permettre une promenade, même aux personnes à mobilité réduite, de ce musée à ciel ouvert dédié au graffiti. Avec au passage de quoi collecter les bombes à peinture pour les recycler. Les street-artistes seront sollicité pour intervenir sur l’espace public en privilégiant « une approche pertinente ».
Rémi Gaillard imagine enfin un jumelage avec Groland.
Montpellier, capitale du bien-être animal
e la SPA : « Des espaces de liberté pour animaux abandonnés, un sanctuaire pour animaux de ferme, un paddock paradise pour chevaux rescapés : un rêve ancré avec l’humain avec aires de pique-niques, hébergements éco-responsables, brasserie vegan. Et un lieu d’échanges, de formations et de recherches ».
Il imagine également le Zoologramme : « Un zoo qui n’abrite plus d’animaux, mais des hologrammes. Pour une immersion réaliste et en liberté dans la vie animale. Et aménager des enclos seulement pour la réhabilitation d’animaux sauvages ». Évidemment sur ce sujet, les idées ne manquent pas avec, en point d’orgue, la nomination d’un représentant juridique pour le bien-être animal en la personne de Me Jean-Robert Phung.
Une évidence pour Rémi Gaillard qui lance un défi à son ami et colistier : “Le mérite d’un grand avocat ne consiste pas à gagner de mauvais procès, mais des municipales avec un clown”. De son côté, le candidat garanti une chose en cas de victoire : « Respecter mes engagements ». Et avec ce qu’il annonce, c’est tout un programme.